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Marie-Thérèse d'Autriche (1638-1683), une Espagnole à la Cour de France


Fille de Philippe IV d’Espagne et d’Élisabeth de France, Marie-Thérèse nait en 1638 à l’Escurial, palais proche de Madrid. En 1660, suite au traité des Pyrénées, elle épouse Louis XIV à Saint-Jean-de-Luz, mariage qui scelle la réconciliation entre la France et l’Espagne. Décrite comme timide et effacée, la reine accompagne le roi dans tous ses déplacements officiels.


la triste jeunesse d'une infante espagnole


Marie Thérèse d'Autriche, enfant par Vélasquez.
Marie Thérèse d'Autriche, enfant par Vélasquez.

Le 20 septembre 1638, la reine d’Espagne Elisabeth de France met au monde son neuvième enfant, une fille prénommée Marie-Thérèse. Fille du roi Philippe IV, la jeune Marie-Thérèse reçoit une éducation stricte à la cour de Madrid. La princesse a 6 ans lorsque sa mère meurt durant son dernier accouchement en octobre 1644.

 

Sur les treize enfants qu’Elisabeth avait mis au monde, Marie-Thérèse est la seule fille qui survit. Son frère aîné Balthazar-Charles est également le seul fils survivant.

 

En 1646, la petite infante d’Espagne perd son frère, emporté par l’appendicite à l’âge de 16 ans. Toutes ces décès marquent Marie-Thérèse qui a du mal à se relever.

 

En 1649, son père Philippe IV se remarie avec la fiancée de Balthazar-Charles, la jeune Marie-Anne de Habsbourg qui sera pour Marie-Thérèse plus une sœur qu’une mère étant donné qu’il n’y a que quatre ans d’écart entre la nouvelle reine et la princesse.


un mariage politique : la nécessité d'une paix


Réunion sur l'île des faisans , juin 1660; Marie-Thérèse est remise aux Français et à son mari par procuration, Louis XIV.
Réunion sur l'île des faisans , juin 1660; Marie-Thérèse est remise aux Français et à son mari par procuration, Louis XIV.
Mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche par Jacques Laumosnier, musée de Tessé.
Mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche par Jacques Laumosnier, musée de Tessé.


L’Espagne est en guerre depuis des années avec la France et l’infante a toujours eu à l’esprit un mariage avec son cousin Louis XIV. En 1659, le traité des Pyrénées met fin au conflit entre les deux pays. Marie-Thérèse devint un gage de paix et épouse comme elle l’avait toujours su, le roi de France le 9 juin 1660 à Saint-Jean de Luz.

 

Avant de quitter son pays, Marie-Thérèse doit renoncer officiellement au trône d’Espagne. Cela ne pose pas de problèmes à Philippe IV à qui la jeune Marie-Anne a donné un fils en 1657. La dote de la jeune mariée est importante et l’Espagne ne peut la régler entièrement à cause du manque d’argent causé par la guerre.

 

Arrivée en France, Marie-Thérèse n’est pas à la hauteur des espérances. D’abord, elle n’est point belle, seulement charmante et timide. Cette timidité se retourne contre elle : Marie-Thérèse se referme sur elle et ne joue pas son rôle de reine. L’épouse de Louis XIV ne parle pas un mot de français et ne semble pas décidée à apprendre la  langue de son pays d’adoption. A la fin de sa vie, elle ne comprendra encore qu’un mot sur quatre ! Suivre une conversation ou animer une petite cour lui sera toujours impossible. 



une reine pour le moins effacée


La reine Marie-Thérèse et son fils le Dauphin de France, Charles Beaubrun, 1663-1666.
La reine Marie-Thérèse et son fils le Dauphin de France, Charles Beaubrun, 1663-1666.

Le 1er novembre 1661, la nouvelle reine de France met au monde un premier enfant, un dauphin prénommé Louis comme le roi. Ce même jour, Philippe, fils unique du roi Philippe IV, meurt à l’âge de 4 ans. Comme ceux d’Elisabeth de France, les enfants de la reine Marie-Anne de Habsbourg ne vivent pas. Cependant, le 6 novembre, la reine d’Espagne donne un nouveau fils à Philippe IV, le futur Charles II.

 

En France, Louis XIV commence à se lasser de son épouse qui est sans cesse en train de jouer avec ses nains, bavarder avec ses femmes de chambres espagnoles et de boire du chocolat. En fait, Marie-Thérèse s’ennuie de Madrid. A la cour, la place de la reine est donc tenue par la belle-sœur du roi, la duchesse d’Orléans à qui Louis fait les yeux doux, ce qui attriste la pauvre Marie-Thérèse qui se réfugie chez la reine-mère Anne d’Autriche qui est également sa tante car sœur de Philippe IV.

 

Le 17 septembre 1665, le roi d’Espagne meurt. La dote de Marie-Thérèse n’a pas été versée entièrement et, selon une close du contrat de mariage de l’Infante, la reine de France n’avait renoncé au trône d’Espagne que si sa dote était intégralement payée. Or ce n’est pas le cas : commence la guerre de Dévolution à la grande peine de Marie-Thérèse et d’Anne d’Autriche. Celle-ci meurt le 20 janvier 1666, privant Marie-Thérèse de son appuie à la cour. La guerre contre l’Espagne a fait gagner à la France de nombreux territoires avec le traité d’Aix-la-Chapelle.


LA REINE DE LA COMMUNICATION : l'image d'une reine de france


Marie-Thérèse, reine de France par Henri et Charles Beaubrun.
Marie-Thérèse, reine de France par Henri et Charles Beaubrun.
Détail de Marie Thérèse d'Autriche par Nocret.
Détail de Marie Thérèse d'Autriche par Nocret.


une mère malheureuse


Après la mort de sa mère, Louis XIV impose à son épouse de vivre avec ses maîtresses : Louise de la Vallière, Françoise-Athénaïs de Montespan, Marie-Angélique de Fontanges…

 

Marie-Thérèse se réfugie dans la prière sans se plaindre car elle aime son époux et endure ses infidélités soumise et résignée. Jusqu’à sa mort, Marie-Thérèse restera amoureuse de Louis XIV. Elle est d’autant plus malheureuse que ses enfants ne vivent pas : après le dauphin, la reine aura encore cinq enfants qui moururent tous en bas âge, victimes de la consanguinité : 

 

- Anne-Elisabeth (1662-1662)

- Marie-Anne (1664-1664)

- Marie-Thérèse (1667-1672)

-Philippe (1668-1671) duc d’Anjou

-Louis-François (1672-1672) duc d’Anjou



la FIN TRAGIQUE d'une reine oubliée


Après l’affaire des Poisons (1678-1682) qui entraîne la disgrâce de la marquise de Montespan, le roi se rapproche de son épouse sur les bons conseils de Mme de Maintenon. Marie-Thérèse est ravie de ce changement de situation mais n’en profitera pas longtemps : revenant d’un voyage en Bourgogne, elle tombe malade et un abcès sous l’un de ses bras est mal soigné. Marie-Thérèse meurt le 30 juillet 1683 après avoir dit « depuis que je suis mariée, je n’ai eu qu’un seul jour de bonheur ». On ne sera jamais de quel jour il s’agissait. Louis XIV déclarera « c’est le premier chagrin qu’elle me cause ». Ainsi disparaissait une reine bonne mais qui passa inaperçu et qui ne joua aucun rôle politique.


le dernier mystère d'une reine incomprise



pour aller + loin



En juin 1660, Louis XIV épouse l'infante d'Espagne, Marie-Thérèse d'Autriche. Choyée, fière de ses origines et admirée dans son pays pour sa beauté, sa vivacité et sa ferveur, elle fut adorée de ses sujets français mais dénigrée par une partie de la cour.

 

Laide, naine, sotte et bigote, rien n'a été épargné à la " pauvre reine ", sacrifiée par la postérité sur l'autel de son solaire époux et de ses radieuses maîtresses. Une relecture précise des sources, remises dans leur contexte, la révèle moins " pauvre " qu'il n'y paraît, conduisant en professionnelle la parade monarchique et incarnant sur le trône l'idéal de la Réforme catholique.

 

Les " années Marie-Thérèse ", de 1660 à 1683, furent les plus somptueuses et les plus joyeuses d'un règne dont elle fut la figure la plus authentique et la plus attachante.



Plus de trois cents ans après sa disparition, cette biographie de « Madame Louis XIV » est la première qui ait été consacrée à la reine du Grand Siècle. Il était temps que l'on raconte enfin l'épouse légitime après avoir tant écrit sur les maîtresses. Infante d' Espagne, offerte en mariage à Louis XIV lors de la conclusion de la paix des Pyrénées, Marie-Thérèse d'Autriche, « la meilleure femme du monde », selon la princesse Palatine, partagera durant un peu plus de vingt ans l'existence du Roi-Soleil.

 

Union pleine de contrastes : lui le premier roi de la terre, elle créature effacée, humble, uniquement occupée du souci d'être agréable à son époux auquel elle donnera six enfants, dont un seul parviendra à l'âge adulte. Constamment trompée, vite résignée à son sort, elle s'accommodera avec une philosophie non dénuée d'humour de la présence de Mlle de la Vallière, de Mme de Montespan, puis de Mme de Maintenon, de combien d'autres encore…

 

Incapable de rancœur ou d'une mauvaise action, glacée de terreur respectueuse devant louis XIV, elle s'attirera la bienveillance de toute la Cour, gagnant la sympathie et les cœurs en se montrant attentive et complaisante à chacun. Entourée de quelques rares intimes, elle vivra isolée au milieu de la pompe versaillaise, plainte généralement, ne gagnant de Louis XIV qu'une tendresse reconnaissante. Lorsqu'elle mourut, le Roi eut ce mot qui résume tout : « C'est le seul chagrin qu'elle m'aura donné… ».



Sources : 



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