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Madame de Montespan (1640-1707), elle a régné sur Versailles


Maîtresse de Louis XIV en 1667, la marquise de Montespan est arrivée à la Cour grâce à Anne d’Autriche. Cette femme à la beauté éblouissante et redoutée des courtisans, grâce au célèbre « esprit Mortemart » qui caractérise sa famille, jouit d’une grande influence sur la vie de la Cour. Passionnée par les arts et protégée par le roi, elle occupe un appartement proche du sien avant d’être évincée vers 1680 par Madame de Maintenon et de quitter définitivement Versailles en 1691.


Françoise vers 1660, devenue mademoiselle de Tonnay-Charente.
Françoise vers 1660, devenue mademoiselle de Tonnay-Charente.

Le 5 octobre 1640, Diane de Grandsaigne, épouse du duc de Mortemart Gabriel de Rochechouart, met au monde son troisième enfant, une fille prénommée Françoise. La famille de Françoise est en étroite relation avec la cour : le duc de Mortemart est gentilhomme de la chambre du roi, son épouse est dame d’honneur de la reine Anne d’Autriche et le frère aîné de Françoise, Louis-Victor est le compagnon de jeu du jeune Louis XIV. La jeune fille s’entend à merveille avec sa sœur aînée Gabrielle. La famille s’agrandira encore de deux filles : Marie-Christine et Marie-Madeleine.

 

Vers l’âge de 12 ou 13 ans, Françoise entre au couvent Sainte-Marie à Saintes pour y recevoir une bonne éducation. Elle y apprend le latin, un peu de grec, le français, l’histoire et tout ce qui est nécessaire à une jeune fille de la noblesse dans le grand monde. Mademoiselle de Mortemart sort du couvent en 1660. A cette date, elle fréquente les prestigieux salons de préciosité de Paris et fait sensation de par sa beauté et son intelligence. Elle y gagne le surnom d’Athénaïs (la jeune femme était dite aussi belle qu’Athéna). Sa mère obtient de la reine-mère Anne d’Autriche que sa fille entre la cour comme demoiselle d’honneur de la future duchesse d’Orléans, belle-sœur de Louis XIV. Françoise-Athénaïs (désormais, seule sa famille l’appellera encore Françoise, Mlle de Mortemart préférant son prénom d’Athénaïs) fait ses premiers pas à la cour à l’âge de 20 ans sous le titre de Mademoiselle de Tonnay-Charente


Louis Henri de Pardaillan de Gondrin, Marquis de Montespan par Nicolas de Largillière.
Louis Henri de Pardaillan de Gondrin, Marquis de Montespan par Nicolas de Largillière.

En 1662, la jeune femme vit une histoire d’amour qui va se transformer en drame : elle est amoureuse du marquis Louis-Alexandre de Noirmoutiers qui a déjà demandé sa main quand il est impliqué dans un duel ou il perd son ami le marquis d’Antin. Le duel est un acte puni de mort par le roi et Louis-Alexandre doit s’exiler en Espagne puis au Portugal. Athénaïs vit très mal le départ précipité de son fiancé qu’elle ne reverra jamais. Elle se rapproche de Louis-Henry de Pardaillan de Gondrin marquis de Montespan et frère du défunt marquis d’Antin.

 

Le 28 janvier 1663, Athénaïs épouse l’ami de son ex-fiancé et devient marquise de Montespan. Deux enfants naîtront de cette union : Marie-Christine (1663-1675) et Louis-Antoine duc d'Antin (1665-1736). Très vite, le mariage bas de l’aile : le marquis de Montespan s’endette dans sa passion du jeu et des paris et doit vendre ses biens ainsi que les bijoux de son épouse pour subvenir aux besoins des enfants. 

 

Dès que sa fille atteint l’âge de 3 ans, Françoise-Athénaïs l’envoie chez la mère de son époux pour qu’elle y reçoive une éducation religieuse et qu’elle ne manque de rien car le ménage à du mal à joindre les deux bouts et vit sur des crédits.


La Montespan par Pierre Mignard.
La Montespan par Pierre Mignard.

En 1664, Athénaïs avait quitté le service de la duchesse d’Orléans pour devenir dame d’honneur de la reine Marie-Thérèse d’Autriche grâce à l’intervention de Monsieur le duc d’Orléans, frère du roi. A la cour, la marquise de Montespan est admirée pour sa grande beauté, sa grâce lorsqu’elle participe à des ballets, son intelligence vive ainsi que pour sa conversation. Elle s’y est faite une amie en la personne de Louise de la Vallière, maîtresse de Louis XIV. Cette dernière invite souvent Athénaïs à lui rendre visite lorsque le roi est chez elle car Mademoiselle de la Vallière sait que son amie a l’art de divertir le  monarque. Louis XIV est lui aussi charmé par la finesse d’esprit de la marquise et par sa beauté naturelle. Athénaïs devient la nouvelle maîtresse du roi dès 1667.


Madame de Montespan et quatre de ses enfants: Mademoiselle de Nantes ; Comte de Vexin; Mademoiselle de Tours ; Duc de Maine.  (Mignard ?)
Madame de Montespan et quatre de ses enfants: Mademoiselle de Nantes ; Comte de Vexin; Mademoiselle de Tours ; Duc de Maine. (Mignard ?)

La duchesse de la Vallière servira de paravent à cet amour jusqu’à ce que le roi obtienne la séparation des époux Montespan en 1673. Ce dernier qui au début semblait fort bien s’accommoder de la situation, entra dans une folle colère quand il s’aperçut qu’Athénaïs était de nouveau enceinte et qu’il n’était pas le père de l’enfant. Il promettait de se venger ! Un jour il force la porte de la marquise à la cour et se fit jeter dehors par les gardes. Louis XIV exila le marquis dans sa province en 1669. Ce dernier  emmène avec lui son fils le jeune Louis-Antoine. Sur ses terres, il fait passer son épouse pour morte et porte le deuil. Jusqu’en 1673, la duchesse de la Vallière fait figure de favorite officielle. Si à la cour, plus personne n’ignore qu’Athénaïs de Montespan est devenue la nouvelle maîtresse de Louis XIV, peu savent qu’elle en a déjà eu plusieurs enfants quand le 20 décembre de cette année, le roi légitime ceux qui ont survécus. La marquise aura en tout sept enfants du souverain.



Madame de Maintenon et deux des enfants de madame de Montespan par Mignard.
Madame de Maintenon et deux des enfants de madame de Montespan par Mignard.

Pour s’occuper de ses enfants illégitimes, Athénaïs engage en 1670 comme gouvernante Françoise d’Aubigné, veuve du poète Paul Scarron. C’est sa chère sœur Gabrielle –devenue Mme de Thianges- qui lui a conseillé cette femme discrète et aimant les enfants. En 1674, tandis que la duchesse de la Vallière quitte la cour pour le Carmel, Mme Scarron et les enfants légitimés viennent habiter à la cour près du roi et d’Athénaïs. La marquise de Montespan apprécie beaucoup Françoise Scarron pour sa conversation, son intelligence et le soin qu’elle a de ses enfants. Les deux femmes s’entendent comme les meilleures amies du monde.

 

En 1674, Athénaïs parle au roi pour Françoise qui désire une terre : Louis lui donne Maintenon mais  fait également de la gouvernante de ses enfants la marquise de Maintenon. Dés lors, les rapports entre les deux marquises deviennent tendus. Mme de Maintenon se permet d’aller contre les ordres d’Athénaïs concernant ses enfants et passe de plus en plus de temps avec le roi. Les disputes entre la favorite et la gouvernante se multiplient. Louis XIV envoie parfois son ministre de la guerre pour les réconcilier. Il dira avoir plus de mal à installer la paix entre les deux femmes qu’en Europe !



En 1675, la marquise de Montespan et le roi doivent se séparer car l’Eglise refuse de confesser Françoise-Athénaïs tant qu’elle attire le scandale sur elle. Le roi prend des petites maîtresses : Mme de Ludres, la princesse de Soubise...

 

Mais en 1676, Louis XIV se remet avec Mme de Montespan. De leurs retrouvailles « naissent Mlle de Blois et le comte de Toulouse ». Mais cette fois Françoise de Maintenon refuse de s’occuper des deux derniers enfants d’Athénaïs car elle et le roi sont revenus sur la promesse de séparation qu’ils avaient faite à l’Eglise. Mme de Montespan supporte de moins en moins Françoise qui s’approprie ses enfants, plus particulièrement le duc du Maine.

 

Parallèlement, c’est sous « le règne » d’Athénaïs que les arts (musique, théâtre) s’affirment car la marquise soutient Molière, Lully, Racine...la période de gloire du Roi-Soleil correspond justement aux années durant lesquelles la marquise de Montespan régnait en reine à la cour. Mais Athénaïs vieillit et elle le sait. Elle voit également que Mme de Maintenon insite le roi à se détourner d’elle pour revenir à la reine sans quoi dieu le punira.



Portrait de Marie-Angélique de Scorailles, duchesse de Fontanges (1661-1681).
Portrait de Marie-Angélique de Scorailles, duchesse de Fontanges (1661-1681).

Françoise-Athénaïs met alors sous le nez de Louis XIV une jeune fille, Mademoiselle de Fontanges, demoiselle d’honneur de la duchesse d’Orléans. Cette jolie Marie-Angélique est d’une rare beauté mais assez naïve sans grande conversation. Le roi courtise la jeune fille d’à peine 17 ans mais semble épris d’elle plus que la marquise de Montespan ne le voudrait.

 

En 1680, Athénaïs est éclaboussé car l’affaire des poisons : on la soupçonne d’avoir usé de philtres d’amour pour conserver le cœur du roi, d’avoir voulu faire empoisonner Marie-Angélique de Fontanges et d’avoir participé à des messes noires avec sacrifices d’enfants. Louis XIV fait taire toutes les accusations contre la marquise mais celle-ci perd à jamais la confiance et l’amour du roi.

 

En 1681, Mademoiselle de Fontanges meurt et les rumeurs d’empoisonnement reprennent. Pour arrêter les soupçons, Louis XIV continu à rendre visite à Athénaïs mais celle-ci sait fort bien que le roi ne l’aime plus et que Françoise de Maintenon est devenue sa maîtresse. Mme de Montespan reste à la cour pour ses enfants puis se retire en 1691 à l’abbaye de Fontevrault (où seront envoyées bien plus tard les filles de Louis XV) dirigée par sa sœur Marie-Madeleine.


Athénaïs créé également le couvent de Saint-Joseph à Paris qui accueille des personnes âgées pauvres et des enfants. Délaissant ses belles toilettes, elle se rapproche de dieu par la prière et le jeune. En 1700, la marquise acquiert le château d’Oiron où elle s’installe en 1704 après la mort de Marie-Madeleine. Françoise-Athénaïs de Rochechouart Mortemart de Montespan mourut à Bourbon-l’Archambault le 28 mai 1707 à 66 ans.



POUR ALLER + LOIN



Il est peu de dire que la figure de Madame de Montespan a été déformée dans l'Histoire, suscitant fascination chez les uns, répulsion chez les autres. Étincelante d'esprit, Françoise de Rochechouart, épouse du marquis de Montespan, fut la vraie reine de Versailles et de ses fêtes, la royale déesse des arts et des lettres, encourageant Molière, Racine, Boileau, soutenant La Fontaine, Mansart, Lulli, Lambert.

 

Ombres et lumières dessinent sur sa personnalité un étonnant contraste. Cette "Junon, tonnante et triomphante", impérieuse, dépensière, brûlante d'ambition et de jalousie, fut-elle la cliente des sorciers et empoisonneuses ?

 

Le point est fait ici avec rigueur sur cette troublante affaire des Poisons et la culpabilité supposée de la mère des bâtards royaux.

 

Moins connue est la longue pénitence de celle qui, pendant ses dernières années, retrouva la foi chrétienne, racheta ses péchés et le scandale du "double adultère" par une vie de jeûne, de prière et de charité.

 

Jamais ouvrage aussi complet ne nous avait restitué de façon si vivante le portrait de cette favorite royale qui occupa une place exceptionnelle au Grand Siècle.



Elle fut la Favorite par excellence ! Louise de La Vallière avait régné sur le cœur du jeune et romantique Louis XIV.

 

Madame de Maintenon régnera sur l'esprit d'un monarque vieillissant et désabusé. Athénais de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan, régna sur les sens d'un Roi-Soleil à son zénith. Pendant dix ans, elle fut la véritable reine de Versailles : orgueilleuse et redoutable quand il s'agissait d'évincer ses rivales, adulée par le monde des Arts et des Lettres lorsqu'elle protégeait Corneille et Molière, La Fontaine et Lully.

 

Louis XIV ne lui refusait rien et l'adorait. Etait-il inquiet pour sa succession ? Elle lui donna des héritiers qui furent déclarés " nés en vrai et loyal mariage ". Leur descendance a régné sur l'Europe entière. Elle fut éblouissante - on ne s'ennuyait jamais avec elle, affirmait la célèbre princesse Palatine. Jusqu'au jour où son ciel se couvrit de nuages noirs comme les messes et les ongles des sorcières.

 

Peut-on dire que Madame de Montespan a trempé dans la ténébreuse et macabre affaire des poisons, le plus grand scandale du Grand Siècle, comme on l'en a si souvent soupçonnée ? Pour résoudre cette énigme, il fallait une enquête rigoureuse. L'historien Michel de Decker, transformé en détective pour l'occasion, la mène brillamment dans ce récit alerte.





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